Être nomade aujourd’hui au Kirghizistan
Le Kirghizistan, situé dans le coeur de l’Asie centrale, est l’un des pays qui compte la plus grande population de nomades au monde. Malgré le passage du temps et de l’inévitable mondialisation cette tradition est toujours maintenue aujourd’hui.
Le Kirghizistan est un pays de grande tra- dition nomade. En effet, les habitants de ce pays ont le nomadisme ancré dans leurs gènes depuis l’origine des temps. C’est l’un des pays avec l’une des plus grandes popu- lations nomades au monde. On calcule que 26% de la population du pays mène une vie nomade ou semi-nomade. De nombreuses prairies aux riches pâturages occupent près de la moitié de la surface du pays, procurant une nourriture abondante au bétail. C’est l’une des raisons pour laquelle ce système d’élevage nomade est toujours maintenu aujourd’hui.
De nos jours, de nombreuses tribus se sont modernisées et se sont installés dans un se- mi-nomadisme. Pendant la période estivale et pour profiter du beau temps et des vacances scolaires des enfants, la plupart de ces tribus ne se déplacent qu’en montagne. De nos jours on a observé que dès le début de l’été ils quittent la grande ville et ne vont plus en haute montagne mais se dirigent vers des parcelles qui leur sont déjà attribuées et où ils peuvent installer leurs yourtes et y faire paître le bétail. Cette progression rapide du modernisme les a conduits à découvrir un certain confort et maintenant ils s’installent avec des télévisions, des panneaux solaires et possèdent même des Jeeps. Pendant la période hivernale, ils migrent vers les grandes villes comme Biskek la capitale, ou encore Tokmok pour reprendre leur vrai quotidien loin des montagnes et des prairies, qui ne re- verront que l’année suivante.
Malgré tout ce modernisme, quelques tribus, encore en nombres importants, ont choisi de
conserver et préserver les traditions ancestrales. Ces groupes ne recherchent pas le confort. Ils se déplacent toujours avec leurs chevaux ou à pied, transportant tout leur équipement. Ils n’entretiennent quasiment aucun contact avec la civilisation moderne malgré avoir une parfaite connaissance de cette dernière. Ces groupes vivent toute l’année dans leurs yourtes, des tentes circulaires typiques d’Asie centrale qui grâce à leur conception leur permettent d’être facilement transportées. Ce type d’habitation est utilisé depuis le moyen Âge et sa forme a peu changé depuis. Les yourtes sont d’ail- leurs aujourd’hui, inscrites au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. En été, ces nomades dressent leurs camps dans les montagnes de hautes altitudes, où ils s’ins- tallent pour que les chevaux, les vaches et les moutons paissent librement. L’hiver, ils redescendent vers des vallées plus hospitalières.
Bien qu’étant un pays aride et extrême- ment montagneux où moins du 8% des terres sont cultivés, la plupart des nomades vivent de l’agriculture. Pour cette raison cette tradition nomade fonctionne de façon saisonnière. En effet, cette agriculture dépend des produits cultivés en fonction du climat et des conditions du terrain. Pendant les mois d’été, les bergers emmènent les troupeaux dans les zones les plus riches, généralement situés dans le centre du pays. Là ils installent leurs camps. C’est la transhumance. La production de céréales qui s’élève à 1.363 tonnes par an, celle des pommes de terre à 1.305 tonnes et les légumes sont en général les produits les plus cultivés. Les fromages ou le Koumis ( bois- son à base de lait fermenté de jument com- prenant un faible dosage d’alcool), sont aussi des produits élaborés par les kuirguis.
Un pays menacé par le changement clima- tique
Cette tradition nomade est aujourd’hui menacée par le changement climatique. En effet, ce défi mondial sans frontières, a provoqué ces dernières années des sécheresses importantes dans tout le pays entrainant une grave dégradation de plus du 40% des terres agricoles. Ces dessèchements, dûs au réchauffe- ment climatique ont diminué la surface des pâturages et en conséquence les quantités de productions de certains produits comme le foin ou les pommes de terre. Ce changement climatique provoque aussi l’érosion de la terre, d’ou la disparition de nombreuses prairies. La quantité d’herbe baisse, donc moins de mètres carrés de prés à brouter pour les moutons. Les nomades sont donc forcé de s’adapter au nouveau climat afin de pouvoir survivre et afin de maintenir leur style de vie.
Pour en savoir plus…
Ce problème climatique ne menace pas uniquement les nomades mais bien évidemment aussi l’économie du pays qui dé- pend entièrement de l’agriculture. En effet, l’agriculture, qui constitue plus de la moitié des emplois de la population active, représente le 38,4% du PIB du Kirghizistan. Les mauvaises récoltes de ces dernières années obligent les semi-nomades ainsi que d’autres habitants du pays à consommer l’entièreté de leurs récoltes afin d’assurer leur survie. C’est devenu une agriculture de subsistance.
Expérimenter la vie de ces nomades : une approche intéressante à vivre au Kirghizistan.
Depuis le début de cette décennie la culture nomade est devenue une attraction touristique pour le pays. Il y a peu d’endroits au monde où l’immersion dans la culture no- made soit aussi accessible qu’au Kirghizistan. Aujourd’hui, plusieurs camps accueillent chaque année dans les yourtes des hôtes étrangers qui peuvent séjourner et vivre quotidiennement la vie authentique du no- made. Cela, comporte aussi pouvoir contempler des paysages à 2600 m d’altitude, où se trouvent les camps. Cela apporte à la communauté des subsides supplémentaires leur permettant ainsi de continuer à perpétuer les traditions. Lesdits hôtes participent et collaborent aux tâches quotidiennes: traite des yacks pour faire du beurre, cultiver la terre etc… Actuellement, certaines agences de voyages proposent même ces immersions originales.
Les nomades ont leur propre compétition sportive pour honorer leurs disciplines traditionnelles
En 2018, le pays a accueilli la troisième édition des Jeux mondiaux des nomades. Un évènement qui se tient tous les deux ans. Il s’agit d’une compétition sportive internationale consacrée aux sports ethniques pratiqués dans les pays d’Asie Centrale. Parmi les épreuves, il existe des sports inconnus pour nous mais qui se pratiquent ancestralement dans les divers pays participants. Parmi les plus notables, il y a le Bouzkachi, un sport équestre où des cavaliers à cheval se disputent une carcasse de chèvre. (s’en référer au livre de Joseph Kessel “Les Cavaliers” ). On y trouve aussi l’alysh, un genre de lutte, le Salburun une forme de chasse traditionnelle du Kirghizistan et bien d’autres encore. Les jeux sont accompagnés de plu- sieurs activités culturelles qui donnent des informations relatives au style de vie et à l’histoire du peuple nomade. Cette compétition est avant tout un festival culturel et ethnique qui aide à préserver les traditions des pays participants. En raison de la pandémie du Covid-19, l’édition des jeux qui devaient se tenir cet automne dans la ville turque de Bursa a été reportée. Les organisateurs des jeux l’ont prévu pour 2021, mais aujourd’hui personne ne peut confirmer que les jeux pourront se tenir…